MOLIERATUS – ESSAÏON THÉÂTRE

grd_562Je ne sais pas vous mais à l’évocation des dernières heures de la vie de Molière, je pense à la scène d’ouverture du film inoubliable d’Ariane Mnouchkine, au panthéon de mes films cultes ! On y voit Philippe Caubert/Jean-Baptiste Poquelin incarnant un Argan, affaibli, visage ciré de blanc, s’égosillant clochette en main à répéter son texte dans sa loge avant ce qui sera sa toute dernière entrée sur scène. Ainsi démarre MOLIERATUS, la pièce écrite et mise en scène par Serge Bourhis de la compagnie Alcandre, actuellement à l’ESSAïON THEATRE. Nous sommes le 17 février 1673, dans les coulisses du Théâtre du Palais Royal, avant la 4ème représentation du Malade Imaginaire. Molière, 51 ans, très malade, se prépare à entrer en scène mais la troupe, inquiète, s’affaire autour de lui. Son état de santé lui permettra-t-il de jouer ? La troupe lui survivra-t-elle s’il arrivait malheur ? Et, pour l’heure, comme si la situation n’était déjà pas si préoccupante, Molière doit affronter des tourments plus personnels : la rivalité entre la comédienne Catherine de Brie et sa jeune épouse Armande Béjart (dont beaucoup ne cesseront de la considérer comme sa propre fille et donc d’accuser Molière d’inceste), l’infidélité d’Armande avec un jeune comédien de la troupe, la visite inopinée d’un créancier importun et de celle de Mademoiselle de Scudéry, qui inspira à Molière les précieuses ridicules.

Dès lors, la pièce alterne le récit de ses heures critiques avec les extraits des plus beaux textes de Molière, de Tartuffe au Misanthrope, de Dom Juan aux Fourberies de Scapin. Une élégante et astucieuse manière de faire découvrir ou redécouvrir le répertoire moliéresque en confondant habilement la vie de l’auteur avec celle de ses œuvres, comme le souligne Serge Bourhis : « Je suis parti des zones d’ombres de la vie personnelle de Molière pour créer un spectacle à la frontière de son œuvre et de sa vie ». Ainsi Moliératus répond fidèlement à la vocation pédagogique de la compagnie Alcandre : proposer un théâtre populaire de qualité, notamment à destination d’un jeune public.

Au final, ni complètement séduite, ni tout à fait déçue par MOLIERATUS. L’idée de départ est originale et les comédiens tous très convaincants mais j’ai été moins convaincue par une mise en scène à mon avis inégale, tantôt inspirée, inventive et rythmée (citons les jolies scènes du cauchemar des médecins corbeaux ou du spectre de Madeleine Béjart) tantôt un peu lente (scène de Dom Juan ou des ultimes moments de Molière sur scène vécues par la troupe depuis les coulisses), qui fait s’essouffler par moment l’ensemble.

Dans le même souci pédagogique, Serge Bouhris a signé un autre spectacle dédié aux grandes tragédies de Racine, joliment intitulé « Racine par la Racine ». On m’en a dit beaucoup de bien. Même troupe, même heure, même lieu, le rendez-vous est pris.

Le point de vue d’Elisabeth 

MOLIERATUS 

ESSAÏON THÉÂTRE • 6 rue Pierre au lard, 75004 Paris

Jusqu’au 28 juin 2014 • Du jeudi au samedi à 20h

Découvir la compagnie ALCANDRE

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